Sortie Théâtre 3èmes – La rencontre avec la tragédie Médée de Corneille

Publié le 8 février 2012

Médée … la magicienne … Médée … l’infanticide … Médée … la femme amoureuse … outragée ! Sortie Théâtre 3èmes

medeeLa rencontre avec la tragédie Médée de Corneille , mise en scène par Gaëlle Boghossian et Paulo Correia, et nos 3èmes fut une réussite, malgré son sujet effroyable et provocant.

Médée incarne depuis l’Antiquité l’effet dévastateur de la passion vengeresse. Parmi les femmes excessives, la Médée de Corneille occupe l’un des premiers rangs pour ce

qui est de la vigueur et de la véhémence. Pourtant, il considère « qu’elle attire si bien de son côté la faveur de l’auditoire qu’on excuse sa vengeance après l’indigne traitement qu’elle a reçu de Créon et de son mari », et il dépeint le pouvoir de Créon comme beaucoup plus corrompu, plus cynique que dans les tragédies précédentes. Il humanise aussi beaucoup Médée, afin de parvenir à ce qu’« on (ait) plus de compassion du désespoir où ils l’ont réduite que de tout ce qu’elle leur fait souffrir»

Gaëlle et Paulo, sensibles au message cornélien, par le choix de la scénographie et du jeu des comédiens ont mis en valeur cet aspect humain du personnage.

La sorcière étrangère, inquiétante, au pouvoir chamanique, laisse place à l’épouse bafouée par un Jason, volage et lâche qui se cache derrière un Créon , hypocrite voulant « purger » l’Etat de la criminelle. Son amour persistant pour l’infidèle la rend plus accessible encore dans son humanité, de même que le déchirement de la mère qui se voit ravir ses enfants par l’autre, la rivale , initie une nouvelle conception du ressort tragique .

Médée, « ce monstre » malgré tous ses pouvoirs magiques devient alors une femme blessée et déchirée par sa passion. Ne s’apparente-t-elle point à toutes les femmes abandonnées, déchues… à une Femme rompue , comme l’écrit Simone de Beauvoir ?

Les arts multimédia, les dessins de Gustave Doré, travaillés en 3 D participent à créer l’ambiance particulière de la fantaisie héroïque dans laquelle Gaëlle Boghossian évolue dans la magnificence de sa robe, symbole de pouvoir. Le vol des oiseaux donnent une impression étrange, fantastique . Le noir, le rouge plongent le spectateur dans l’ horreur… sous l’emprise de l’héroïne…de la comédienne. Un jeu époustouflant !

Un spectacle esthétique de qualité qui invite à la réflexion…

Lamas M.

samuel
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